Le soir de la mort de Mohammed, le RAID était encore une fois mobilisé. Sur une vidéo, les policiers d’élite sont visibles. Ils surgissent de leur blindé avant de tirer plusieurs fois avec des fusils à pompe au niveau du théâtre des Bernardines. Le même soir, des images montrant le RAID en action font froid dans le dos. Avançant sur un trottoir, les agents tirent à vue. Sous les coups de feu, un homme essaie de fuir la zone et se réfugie derrière une voiture. Sur les images, on peut entendre deux tirs consécutifs juste avant de voir l’homme s’effondrer au sol. Des témoins se mettent à hurler. « Mais ils lui tirent dessus ! Il n’a rien fait ! Il n’a rien fait ! » La victime ne se relève pas. Des passants accourent pour lui venir en aide. Les images se coupent.
Fosstodon choisit le wait and see
leur business-model était basé sur la destruction de la vie sur Terre, ils ont donc fabriqué du climatoscepticisme."
Je ressasse toutefois depuis plusieurs jours une question : que se passe-t-il de nouveau qui nous échappe pour comprendre les révoltes à l'œuvre depuis une semaine ? Et si c’était la Macronie, cet élément nouveau ? Car la génération des 12-18 ans a grandi en Macronie : c’est, plus que toutes les autres avant elle, celle des promesses non tenues.
Quelle est leur mémoire ? C’est une dissociation complète entre le discours entendu et le réel : les violences policières n’existent pas, le chômage baisse… aux antipodes de l’expérience quotidienne.
OPINION. J’ai été accusé d’exagérer lorsque j’ai évoqué le basculement de la France; malheureusement la suite ne me donne pas tort, argumente le professeur de l’IHEID Jean-François Bayart
Didier Fassin : Je ne généraliserais pas de la sorte pour ce qui est de tous les policiers. Lorsque mon livre est sorti, on a dit en effet que j’avais dû étudier des unités très atypiques, car j’indiquais la sympathie que les agents avec lesquels je patrouillais manifestaient ouvertement à l’égard de Jean-Marie Le Pen. Six ans plus tard, en 2017, on découvrait que les deux tiers des policiers en activité avaient voté pour sa fille au premier tour de l’élection présidentielle, soit plus de trois fois plus que la population générale.
Mais plutôt que le racisme individuel, ce qui m’intéresse, et m’inquiète, c’est le racisme institutionnel, qu’il soit celui de la police en général, dont on voit qu’elle ne sanctionne pas les pratiques violentes et discriminatoires de ses agents, ou de certains syndicats en particulier, dont on vient de lire qu’ils considéraient les jeunes des quartiers difficiles comme des « nuisibles » qu’il faut mettre « hors d’état de nuire ».
Dans cette perspective, je pense que les choses se sont encore aggravées depuis que j’ai conduit mon enquête, et c’est largement la responsabilité des gouvernements successifs qui, d’une part, n’ont pas cessé de céder devant les exigences de l’institution et des syndicats, et, d’autre part, n’ont jamais tenté d’engager de réforme.