All links of one day
in a single page.
<Previous day - Next day>

rss_feedDaily RSS Feed
floral_left The Daily Shaarli floral_right
——————————— July 1, 2024 - Monday 01, July 2024 ———————————

1) Le seul qui compte vraiment : sur les 502 encore en lice, il y a 394 circos où le total de voix LREM + NFP dépasse le total extrême-droite. 331 où on dépasse le total ext-droite + droite.

Si on les gagne toutes, le RN aura 150 (ou 213) députés 🖕

2) Les totaux généraux définitifs, pour que vous nepassiez pas la semaine à croire qu'on a fait 28 % :

Total extrême droite = 33.9 %
Total gauche = 31.43 %
Total macronistes = 22.49 %
Total LR non RN = 6.65 %

Bref, once again : on a pas gagné… mais on est loin d'avoir perdu.

Et juste pour comparer aux totaux du T1 de la présidentielle 2022 :

Total extrême droite = 32.28 %
Total gauche = 31.92 %
Total macronistes : 27.85 %
Total LR : 4.78 %

(Et je sais pas où mettre les 3,13 de Lassalle)

Bref, oui l'extrême droite progresse... mais pas tant que ça. Et même, par rapport à ses 41,45 % du second tour, on peut estimer qu'elle régresse.

La seule vraie différence, en vérité, c'est que pour la première fois et contrairement à 2022, les racistes se sont vraiment bougés aux législatives et pas qu'à la présidentielle, parce que quelqu'un leur a dit qu'ils pouvaient gagner (on se demande qui...)

3) On est passés de :

  • 5,8 M de voix Nupes en 2022 (7,55 total gauche)
    à
  • 8,97 M de voix NFP en 2024 (9,89 total gauche).

Après deux ans à enchaîner les conneries, avec la quasi intégralité des médias, des élites et le gouvernement contre nous. On résiste.

4) Total gauche à la présidentielle = 11,23 M.

On a encore 1,34 millions de voix minimum qui manquent à l'appel.

Et puis 17,27 millions de personnes ont pas voté.

Y'a encore du monde à aller chercher

Nos aïeux ont subi les rois. Face à 1500 de joug, je me demande comment on peut avoir un quelconque espoir de le mettre à bas, ça doit sembler si insurmontable…

Ils ont subi les Napoléons et leurs mains de fer. Ils ont subi les nazis et leur horreur quotidienne.

Ils se sont pas découragés, ils avaient pas ce luxe, ils ont relevé leurs manches, ils ont fait ce qu'il fallait et ils ont gagné.

Si vous êtes en train de croire que tout est perdu, pensez à eux et l'ampleur de la montagne devant eux, face à la nôtre, qui exige juste de se bouger le cul pour aller taper à des portes.

Dans la déclaration d'indépendance américaine comme dans la Constitution de 1793, il y a deux phrases qui disent "ceux qui sont en mesure d'agir ont le devoir et la responsabilité d'agir".

Peut-être que ces fascistes seront pas les fascistes qu'ils promettent d'être, peut-être qu'on s'alarme pour rien… Mais si ceux qui font ce pari se trompent, alors dites vous qu'on est dans les 4 derniers jours avant Pétain et vous pouvez encore agir. Après, il sera trop tard.

Donc vous posez votre semaine, vous allez sur http://bit.ly/sengager_FM_2024 et vous suivez le tuto.

En 2017, l’historien Timothy Snyder publiait « De la tyrannie », où il se basait sur l’histoire de la montée du nazisme pour fournir des conseils de résistance aux Américains qui ont vu l’arrivée au pouvoir de Donald Trump.
https://gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Hors-serie-Connaissance/De-la-tyrannie

Chercheuse en science politique, je pense que le cas russe a aussi des choses à nous apprendre sur la manière dont une société cède peu à peu face à un pouvoir liberticide. Voici dix leçons tirées de l'observation de la transformation autoritaire en Russie.

Leçon 1. Un pouvoir liberticide s’installe petit à petit, de manière quasiment imperceptible. Ceux qui ont peur d’un basculement le lendemain d’une arrivée au pouvoir du RN se trompent: le pouvoir liberticide peut être rassurant, modéré et lent.

Cette lenteur a pour effet de neutraliser les critiques. Le pouvoir liberticide se place du côté du raisonnable et du consensuel, et marginalise les opposants en les qualifiant d’alarmistes. Le pouvoir liberticide prend son temps.

Leçon 2. Les premières réformes liberticides sont souvent techniques, opaques, mineures, sur des sujets qui intéressent peu les citoyens ordinaires. Qui s’intéressait en Russie, au début des années 2000, à la réforme du système d’enregistrement des partis politiques, ou à la modification des seuils électoraux? Les réformes graduelles et techniques laissent peu de prise à la critique, car elles sont peu lisibles pour le grand public, et peu propices aux grandes mobilisations de l’opposition.

Les réformes techniques préparent le démantèlement des institutions et l’affaiblissement des libertés publiques. Petit à petit, elles grignotent les institutions qui seront prêtes à céder le moment venu, parce qu’un certain nombre de garde-fous seront fragilisés.

Leçon 3. Un pouvoir liberticide promet du confort, de la sécurité, et du pouvoir d’achat. Il est important de savoir qu’il tient parfois ses promesses. Il anesthésie les vulnérables. Dans une confrontation entre liberté et sécurité/prospérité, la liberté a du mal à tenir.

Leçon 4. Un pouvoir liberticide s’assure la loyauté des institutions les plus vulnérables. Il peut augmenter les salaires des enseignants et investir dans les écoles, recruter des fonctionnaires et améliorer le financement des services publics. Ca a été le cas en Russie.

Résister au pouvoir liberticide n’est pas facile. Faut-il refuser ce financement qui rendra meilleur l’accueil des élèves, quand en échange - dans un premier temps - on ne vous demande pas grand-chose? Le prix à payer est connu bien plus tard, quand le piège se referme.

Leçon 5. Un pouvoir liberticide s’installe en s’appuyant non seulement sur nos peurs les plus profondes, mais aussi sur nos meilleurs sentiments. L’amour de se famille, l’attachement à sa culture, l’amour de son histoire, le désir d’un monde meilleur pour ses enfants.

Leçon 6. Un pouvoir liberticide promet de l’efficacité en échange de la liberté. La liberté n’est pas palpable, tant qu’elle n’est pas perdue. L’efficacité peut se comptabiliser, elle est tangible, elle parle le langage du succès, des bénéfices, de la croissance.

Leçon 7. Un pouvoir liberticide ne demande pas la mobilisation de la population; il s’appuie au contraire sur la démobilisation et la dépolitisation. Il invite les gens à se recentrer sur leur vie privée, leur travail, leurs passions; à se désintéresser de la politique.

Un pouvoir liberticide promet de satisfaire vos demandes en échange d’une non-opposition. Le laisser-faire est sa mécanique centrale. L’indifférence pour le sort de l’autre, notamment celui qui est loin, qui est différent, est la principale émotion qu'il encourage.

Leçon 8. Une partie du monde associatif, notamment les groupes qui s’engagent pour une qualité de vie meilleure ou pour certaines causes environnementales/sociales, est assez vulnérable face aux promesses protectionnistes ou traditionalistes du pouvoir liberticide.

Leçon 9. Un pouvoir liberticide ne s’appuie pas sur la répression mais sur l’adhésion. La répression ne vient qu’en dernier recours. Elle est un outil coûteux et dangereux pour le pouvoir qui ne peut se la permettre qu’une fois solidement installé.

Leçon 10. Il faut du temps, parfois beaucoup de temps, avant que le prix à payer ne devienne visible. C’est lorsque les institutions sont suffisamment vulnérables au contrôle du pouvoir, et que le pouvoir liberticide est perçu comme bénéfique par une masse critique de la population, que la répression contre les indésirables peut se mettre en place. Mais le pouvoir liberticide peut même fonctionner sans répression, si la neutralisation des institutions a été profonde.

Cette présentation est très sommaire.
Je partage le constat de Snyder: nous ne sommes pas mieux immunisés que d’autres contre l’installation d’un pouvoir liberticide. Il est crucial de connaître et reconnaître ses mécanismes, parfois très différents de ce qu'on imagine.

-